
S3RENR : Planifier les réseaux électriques de demain
Contexte
La production d’énergies renouvelables connaît une croissance soutenue en France sous l’effet des objectifs nationaux et européens. Cette dynamique met en tension les réseaux électriques, qui doivent absorber un volume croissant de projets de production. Pour les porteurs de projets, la capacité de raccordement disponible est devenue un facteur déterminant, influençant directement les délais, les coûts et la faisabilité technique.
Dans ce contexte, le Schéma Régional de Raccordement aux Énergies Renouvelables (S3REnR) a été instauré pour organiser, à l’échelle de chaque région, le développement coordonné des infrastructures nécessaires à l’accueil des nouvelles capacités renouvelables. Il constitue un cadre de planification entre les gestionnaires de réseaux de transport et de distribution, les autorités publiques et les acteurs du secteur.
Afin d’accompagner, le raccordement des installations d’énergies renouvelables, il est nécessaire que ce schéma soit révisé régulièrement. Le décret du 10 juillet 2024, stipule que la procédure de révision doit être enclenchée au plus tard 2 ans suivant la validation de la quote-part régionale. Cette procédure doit être réalisée en 2 ans, ce qui permet dans les faits une actualisation des schémas régionaux tous les 4 ans maximum. Chaque quote-part est actualisé annuellement par RTE qui publie ces nouveaux tarifs en février.
Le S3RENR : C’est quoi
Le S3REnR est un document de planification élaboré conjointement par le gestionnaire du réseau de transport, les gestionnaires des réseaux de distribution et les autorités régionales. Il définit la capacité d’injection renouvelable que le réseau pourra accueillir et s’appuie pour cela sur un programme d’ouvrages comprenant les postes, lignes et adaptations nécessaires, ainsi que le budget prévisionnel associé.
Son rôle est d’anticiper les demandes de raccordement, de planifier les infrastructures à réaliser et de sécuriser l’accès au réseau en fixant une capacité cible commune. Il permet d’abandonner une logique projet par projet au profit d’un dimensionnement coordonné du réseau à l’échelle régionale.
Le schéma est actualisé lorsque les capacités prévues deviennent insuffisantes ou lorsque les hypothèses régionales évoluent, afin de maintenir la cohérence entre la dynamique des projets et les marges d’injection du réseau.

Cadre réglementaire
Textes fondateurs
Le S3REnR est encadré par plusieurs textes juridiques nationaux :
- Loi n°2010-788 dite Grenelle 2,
- Décret n°2012-533 définissant le contenu et les procédures d’élaboration des schémas,
- Articles L321-7, L321-8 et D321-19 à D321-25 du Code de l’énergie,
- Décret n°2022-170 du 11 février 2022 sur la capacité d’accueil,
- Loi n°2023-175 dite Accélération EnR, renforçant les obligations de mise à jour.
Ces textes cadrent l’approbation, les obligations et la portée du schéma.
Opposabilité et obligations
Une fois approuvé, le S3REnR impose :
- Aux gestionnaires de réseaux, de traiter les raccordements selon les capacités définies,
- Aux producteurs, d’intégrer ces paramètres dans leurs choix de localisation et de dimensionnement,
- Aux autorités régionales, de l’intégrer dans leurs stratégies énergétiques.
Intégration du S3REnR dans un projet EnR
L’utilisation du S3REnR intervient dès les études préliminaires des projets, il permet de valider la faisabilité d’un projet de production d’énergie renouvelable avec injection dans le réseau. Le producteur localise son projet par rapport aux postes et zones du schéma afin d’identifier la capacité résiduelle disponible et vérifier la compatibilité de la puissance envisagée.
Le schéma sert ensuite à analyser les contraintes réseau : capacité immédiatement mobilisable, dépendance à des ouvrages en préparation ou nécessité d’adapter la puissance installée. Ces éléments guident les choix techniques et économiques du projet et peuvent dicter le planning de développement selon les possibilités de raccordement.
La quote-part associée au raccordement est intégrée dans le budget prévisionnel des projets EnR, au même titre que les coûts spécifiques de raccordement.

Exemple de la Bretagne
D’après la carte du S3REnR, la quote-part applicable en Bretagne s’élève à 20,14 €/kW. Or, le franchissement du seuil des deux tiers des capacités attribuées, qui constitue un critère déclenchant la révision du schéma, a été rapidement atteint. Dans un contexte de fort dynamisme des raccordements d’énergies renouvelables, 100 % des capacités prévues par le schéma étaient déjà affectées au 28 mai 2024, rendant nécessaire une adaptation significative des infrastructures de raccordement.
C’est dans ce cadre que le S3REnR Bretagne prévoit environ 4,4 GW de capacité additionnelle. Pour raccorder le gisement régional, la stratégie repose sur la création de 4 postes, l’extension de 13 postes, le renforcement de 238 km de lignes et la réalisation de 32 km d’ouvrages souterrains, ainsi que l’installation de 45 transformateurs HTB/HTA et le renforcement de 38 transformateurs. Ces infrastructures augmentent les marges d’injection et répartissent les flux afin d’éviter les congestions. L’investissement global atteint ≈ 518 M€, avec une quote-part de ≈ 80,5 k€/MW appliquée aux producteurs.
L’investissement global atteint ≈ 518 M€, avec une quote-part de ≈ 80,5 k€/MW appliquée aux producteurs.

S3RENR de la Région Bretagne
Exemple de la Bourgogne Franche Comté
Le S3RnR Bourgogne-Franche-Comté prévoit 5.4 GW de capacité additionnelle, dont 3,1 GW dégagés par renforcement d’ouvrages existants et 2,3 GW par création de nouveaux ouvrages. Pour accueillir ce gisement, le schéma s’appui sur la création de plusieurs postes HTB/HTA, des renforcements ciblés de liaisons, l’installation de nouveaux transformateurs (puissances comprises entre 36 et 80 MVA), ainsi que de 25 automates permettant d’augmenter les marges d’injections (≈ 1,5 GW). Les investissements associés atteignent environ 435,2 M€ pour les travaux de création et 191,7 M€ pour les travaux de renforcement, sur la base de l’état technique et financier. La quote-part applicable aux producteurs est fixée à environ 73,5 k€/MW
La quote-part applicable aux producteurs est de ≈ 65,4 k€/MW.

S3RENR de la Région Bourgogne Franche Comté
